À l'aube du début de notre nouveau projet de recherche, INTIME, nos deux artistes interprètes ont écrit quelques mots...
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L’intimité c’est personnel.
Si j’ai pas envie d’en parler, si je souhaite garder ça pour moi, c’est personnel, donc c’est nécessairement mon intimité. Si j’en parle ouvertement, je me sens vulgaire.
Et je ferai une création sur l’intimité féminine.
Contre toute attente, j’ai hâte. J’ai hâte de voir où sont mes limites, de confronter mes limites personnelles à mes limites artistiques. Est-ce que je suis game d’aller plus loin sur scène que dans ma vie quotidienne? Assurément. Mais jusqu’où?
En revanche, ce qui m’intéresse surtout dans ce projet ce n’est pas tant mon intimité féminine personnelle, mais la perception des spectateurs qui viendront voir le fruit de notre travail. L’idée de chercher un moyen de connecter sur un sujet aussi personnel, en si peu de temps, avec des inconnus.
La question de départ est profonde : qu’est-ce que l’intimité féminine et pourquoi doit-on en parler. À mon humble avis, il faut en parler pour en comprendre la nature, révéler la présence d’inégalités et les déconstruire s’il y a lieu.
Pourquoi accepte-t-on que l’intimité des femmes soit en danger. Pourquoi ne sommes-nous pas capables d’admettre que notre société préfère protéger l’intimité d’un homme riche plutôt que l’intimité d’une femme qui clame avoir subi une entrée par effraction? Est-ce à dire que l’homme est plus fragile ou intouchable? Pourquoi les hommes qui vieillissent sont matures, mais les femmes, flétries? Pourquoi les hommes peuvent se reproduire toute leur vie alors que les femmes ont une date de péremption? Pourquoi ne pourrait-on pas calibrer – et non pas renverser, qu’on se comprenne bien – la vapeur?
Quelle est la nature de l’intimité féminine alors que :
La femme devient une mère;
La femme a subi de l’inceste;
La femme a un corps qui ne correspond pas aux attentes de la société;
La femme vieillit;
La femme souhaite embrasser sa vie sexuelle;
La femme est croyante et pratiquante;
Maintenant, prenez tous ces exemples et changer « la femme » par « l’homme ».
C’est pour ça qu’on doit parler d’intimité féminine.
Au plaisir de vous croiser dans notre cubicule de la maison de la culture les 4 et 5 décembre.
Sophie Clermont
Interprète
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Il fallait la prendre doucement, les doigts en mode nylon/elle dormait fort/à l’hibernation se soustrayait l’ennui, la violence, la dissolution/il ne fallait pas la prendre, alors/ un hiver sur la peau, un satin sur la patience/elle se composait en jachère, en alternance et en fragment/intimité en corolle/ intimité en miette/ qui sait ou va le temps/ s’écrire en friche, en ridule, en amas de chair/ la prendre fermement, l’oublier sur la corde à linge/ aggraver sa voix, alourdir sa langue/et trouver l’amour dans une crête iliaque/il fallait la prendre quand elle voulait, nourrice et nourrit, petite et immense/comprendre le temps qui s’écoule du col/et les images qui la traverse, insatiable/un désert lui dessine l’échine, les jours se sédimentant en elle à la manière d’un violon qui se vide de sa musique/elle disparaît toujours, sporadique/intimité en part/une partie infime qui s’intimise à la lumière d’une lune gibbeuse/et trouver l’amour dans une pensée diffuse/intersubjectifs, les imaginaires post-coïtales, post-dramatiques, poster de chambre/il fallait la prendre à part/un hiver fondu/ des cheveux qui creusent la clavicule/saluer le temps qui s’épuisent à la manière d’un verre de vin qui abreuve/et trouver l’amour dans les plis, dans les envers, dans les transparences.
Penélope Desjardins
Interprète
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La première étape de création du projet INTIME sera présentée les 4 et 5 décembre. réserver votre place dès maintenant à la maison de la culture Pointe-aux-Trembles pour vivre cette expérience unique.
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